Partage d’expérience avec COOPEFACSA, modèle face à la crise nicaraguayenne
13 novembre 2019
ENTRETIEN – Depuis près de 25 ans, Philea a pour mission d’accompagner ses membres en Amérique latine et en Afrique en les appuyant d’un point de vue financier et non-financier. Ces derniers ont parfois vécu violemment les aléas politiques et économiques dans leur pays, ce qui est le cas de nos ami.e.s et membre.s du Nicaragua depuis près de deux ans. Néanmoins, l’exemple de la Coopérative San Antonio (COOPEFACSA) a su nous inspirer grâce à l’instauration d’actions concrètes. Retour avec Adela Baez, Directrice générale de COOPEFACSA et nouvellement élue membre du Conseil d’administration de Philea, sur les points importants de leur succès.
En septembre, Philea a interviewé Adela Baez afin d’échanger sur la situation au Nicaragua et sur la réussite du modèle de la Coopérative San Antonio (COOPEFACSA).
Membre depuis 2013, COOPEFACSA a reçu son premier crédit et de l’appui technique en 2017 afin d’aider les membres de sa communauté qui n’ont pas ou peu accès à des services financiers et non-financiers. Dans un pays où l’économie informelle est prédominante, le renforcement des capacités de chacun et chacune est primordial afin d’envisager un développement sur le long terme. Par l’inclusion financière et économique, les bénéficiaires locaux ont accès à un système financier formel leur permettant ainsi de développer leur activité, notamment en touchant les zones rurales et en soutenant les petits agriculteurs.
Épousant parfaitement les valeurs de Philea, COOPEFACSA a su démontrer tout au long de notre collaboration l’impact social fort qu’est le sien, notamment grâce au soutien qu’elle apporte à ses membres.
Elle a d’ailleurs démontré cette qualité dernièrement, en faisant face aux pressions politiques et économiques que subit le pays. Comme le souligne Adela Baez dans son entretien, face aux craintes montantes des bénéficiaires finaux, à l’insécurité du système financier et à l’instabilité professionnelle, la Direction de la Coopérative a voulu transformer ces événements comme des opportunités « afin de fortifier les bases et les valeurs qui ont permis de créer la Coopérative ». Il a par exemple été constaté que si une importante sortie des actifs des banques a notamment été observée à travers le pays (34% dans les banques traditionnelles), COOPEFACSA n’a souffert de cet événement qu’à hauteur de 7%. Pourquoi ?
Très rapidement, la direction s’est rendue compte des conséquences néfastes de la crise politique sur l’économie. Le « stress financier accompagné du stress émotionnel ont eu un impact défavorable sur l’ensemble de la société, notamment auprès des personnes en activité ». Pour répondre à ces problèmes, COOPEFACSA a misé sur la transparence et la communication. Consciente qu’il fallait « calmer les préoccupations des membres face au déferlement d’informations dans les médias », COOPEFACSA a formé un comité d’information permettant de récolter toutes les données présentes dans les médias pour les décortiquer et les expliquer. Par ailleurs, un renforcement en capacités financières a été proposé à certains membres tout comme un soutien auprès des organes de direction. Le but de ces différentes actions a été de renforcer les capacités des différents groupes et des individus tout comme de voir une coopérative s’organiser en collectif, dépassant ainsi les simples logiques financières. Des plans de remboursement plus flexibles ont par ailleurs été élaborés avec les membres qui rencontraient le plus de difficultés à rembourser.
COOPEFACSA fait donc objet d’exemple, notamment grâce à sa prompte réactivité et aux idées novatrices proposées pour soutenir chacun de ses membres.
Ce récit a donc été le déclencheur d’un projet : il est envisagé de préparer un partage d’expérience entre cette coopérative et nos autres membres dans le pays. Il nous tient à cœur chez Philea de créer un réseau solidaire tout en assurant un appui technique permettant de traverser cette crise avec le moins de conséquences négatives possibles. Comme l’explique Adela Baez « une bonne gouvernance passe surtout par de l’innovation, mais aussi de la fidélisation, de l’empowerment et une finance réellement durable ».
Cette leçon est primordiale pour nous tous : la solidarité entre membres permet à ceux qui rencontrent des difficultés d’être tirés vers le haut. Cette notion éthique est ce qui nous pousse aujourd’hui, chez Philea, à vouloir faire du partage d’expérience et de l’appui technique avec l’aide de COOPEFACSA et de sa dynamique directrice, Adela Baez.